Témoignage

   Philippe, l’aveugle du village 

Il était cadre dans une entreprise jusqu’à 50 ans où son nerf optique est écrasé par une grosseur suspecte. Du jour au lendemain, Philippe devient aveugle à cent pour cent. Sa vie, loin de sombrer dans le noir du désespoir, continue autrement avec son handicap. Il fait l’étonnement et l’admiration de tous ceux qui le rencontrent. Une journaliste décide d’aller l’interviewer pour en faire un article dans la presse locale. Elle découvre Philippe dans sa maison qu’il entretient mieux que quiconque.

Il lui montre son atelier de menuiserie où chaque outil est rangé à sa place. Philippe est un bon menuisier. Ses doigts lui tiennent lieu d’yeux. Il montre aussi la salle où sont installés des appareils de gymnastique. Il fait une heure de gym par jour, ce qui le maintient en grande forme physique. Les volets sont fermés, il fait nuit dans la pièce. Pour lui, c’est pas un problème. Sur le mur de sa salle à manger, des photos de pays d’Amérique du Sud. Il explique que, bien qu’aveugle, il a eu l’occasion de faire plusieurs voyages en tout autonomie. La journaliste n’en revient pas et prend des notes pour l’article qu’elle va faire. En fin d’interview, elle demande à Philippe qu’elle est le secret de sa grande forme et de sa joie de vivre. Il répond sans complexe : « Je suis croyant et la foi me tient debout. Quand il y a la messe dans le village, ma petite fille me conduit à l’église. » Philippe s’y rend tout « endimanché » avec son noeud papillon sur chemise blanche. En lisant l’article de la journaliste dans le journal local, en rencontrant personnellement Philippe, beaucoup ont dû se dire : « Merci Philippe, ton exemple nous aide à relativiser nos petits handicaps et à voir le handicapé d’un regard renouvelé ». Philippe nous a quittés. De là où il est, lui qui croyait au ciel, il nous invite à croire que, quel que soit le handicap qui peut nous atteindre, une force de vie nous habite et donne sens à notre existence. Philippe lui a donné un nom : Dieu, source de vraie vie.

texte proposé par le père Maurice