D'aucuns seront étonnés par ces mots qui introduisent cet éditorial pour la rentrée pastorale. Ils attendraient davantage la présentation d'orientations, de projets, de programmes… Autant de mots qui expriment le gouvernement et l’animation d'un diocèse. Les projets, les "choses à faire", les programmes, les orientations existent mais je voudrais surtout présenter une attitude pastorale pour les contacts avec les personnes que nous serons amenés à rencontrer et un état d'esprit dans lequel il nous faut être, particulièrement dans une situation sanitaire qui demande une adaptation permanente.
Une attitude pastorale
Le sigle CPI est l'abréviation de "Considération Positive Inconditionnelle". Son auteur est Carl Rogers (1902-1987) psychologue américain, dont la méthode met l'accent sur la qualité de la relation entre le thérapeute et le patient. "La CPI repose sur la conviction du caractère unique et irremplaçable de l’expérience d’autrui" (http://compas-soinspalliatifs.org).
Carl Rogers prend cette attitude positive, exempte de jugement, devant celui qu’il soigne. "Cela demande la volonté de l’aidant de laisser l’aidé être le sentiment qu’il est en train de vivre, quel qu’il soit (positif ou négatif) : confusion, ressentiment, douleur, peur, colère, courage, amour, orgueil, etc. Cette attention non possessive implique que l’aidant accepte l’aidé dans sa totalité, autrement dit sans rejeter certains des sentiments de celui-ci. Dans les termes de Carl Rogers, "dans la mesure où le thérapeute accepte avec confiance et compréhension toutes les facettes de l’expérience de son client comme éléments intégrants de sa personnalité, il éprouvera à son égard un sentiment de respect inconditionnel" (Rogers, 1957).
Ce positionnement relationnel m’a beaucoup aidé quand j’étais vicaire, curé, aumônier de jeunes, dans les auditions à l’officialité. Nous pouvons l’avoir dans toutes nos relations, sans cesse fragilisées, comme le rappelle le prophète Jérémie : "Le cœur de l'homme est compliqué et malade". Toujours considérer l'autre avec un regard positif inconditionnel ! C'est le regard que le Seigneur porte sur toute personne, sur chacun de nous. C’est le regard de Dieu. Voilà l'attitude pastorale que je nous propose à tous pour cette prochaine année pastorale.
Un état d'esprit
Je le trouve défini dans la très belle lettre apostolique du pape François: "Avec un cœur de père". Le Pape, méditant sur les difficultés rencontrées par la Sainte-Famille, et donc Saint-Joseph, à la naissance de Jésus, écrit : "Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence". Transformer un problème, et chacun de nous en aura, en opportunité. Quel défi ! Cette phrase m'habite depuis plusieurs mois, j’essaie de la mettre en pratique pour assurer ma mission avec plus de sérénité, de lucidité, de confiance, d’espérance. Nous pourrons aussi, comme le Pape, terminer nos journées parfois harassantes avec Saint-Joseph : "J’aime beaucoup saint Joseph parce c’est un homme fort et silencieux. Et sur mon bureau j’ai une image de saint-Joseph en train de dormir ; et en dormant il prend soin de l’Église ! Oui, il peut le faire, nous le savons. Et quand j’ai un problème, une difficulté, j’écris un billet et je le mets sous saint Joseph, pour qu’il le rêve. Cela veut dire : qu’il prie pour ce problème !". (Rencontre du Pape avec les familles, à Manille - 16 janvier 2015)
Que chacun soit rassuré, si besoin ! Il y aura des projets, des orientations, des programmes, des dossiers à travailler, des chantiers à mettre en œuvre. Cela ne manquera pas mais cet état d'esprit et cette attitude pastorale seront essentiels pour bien les accueillir et les vivre.
Belle rentrée pastorale à tous !