La contemplation de la nature

1. La nature nous offre une large palette de symboles qui nous permettent d’exprimer au Seigneur la variété infinie de nos désirs.
Une forêt de sapins s’élançant tout droit vers le ciel symbolise notre désir de nous élever un peu plus vers Dieu chaque jour, tandis qu’un hêtre ou un chêne étalant majestueusement ses branches en tous sens nous rappelle que nous sommes tous appelés à devenir des êtres pleinement épanouis, heureux et fiers de développer tous les talents que nous avons reçus, d’en faire profiter notre prochain et d’en remercier le Seigneur.

La petite fleur cachée entre deux roches rappelle à l’alpiniste qui l’aperçoit soudain qu’il peut lui aussi plaire à Dieu par l’offrande d’un seul de ses sourires au cours de son escalade.
Quand j’entends le vent faire frissonner les feuilles du peuplier, j’aime demander au Seigneur de m’envoyer le souffle de son Esprit pour qu’Il fasse frémir de joie toutes les fibres de mon être.
Quand je contemple les eaux calmes d’un lac, je demande au Seigneur d’apaiser les remous de mon âme et de la faire vivre dans la paix ; quand je suis fasciné au contraire par les eaux bondissantes d’une cascade, je lui demande d’envahir tout mon être et d’en rajeunir tous les recoins par les torrents de son Esprit.
C’est une prière assez semblable que je lui adresse quand je vois tomber la pluie d’orage sur une terre toute craquelée par la sécheresse : elle est le symbole biblique par excellence des torrents de tendresse que Dieu veut répandre sur les cœurs assoiffés de Lui :

Tu visites la terre et tu l’abreuves,
Tu la combles de richesses ;
Les ruisseaux regorgent d’eau :
Tu prépares les moissons. (Ps 65,10.)

2. L’hirondelle qui vole à tire-d’aile vers le ciel exprime mon désir de me perdre en Dieu de tout mon coeur et de toutes mes forces, tout comme le chamois qui bondit de roche en roche avec une prodigieuse agilité.
Mais le moineau qui ne cesse de gazouiller et la tourterelle de roucouler me permettent de redire au Seigneur que je veux moi aussi faire de ma vie un chant continuel d’action de grâce quelles que soient les circonstances où il Lui plaît de me placer.
Comme le dit saint François de Sales : « Ce n’est pas le buisson d’épines qui empêche le pinson de chanter. »
Quant à la majesté d’une chaîne de montagnes couverte de neiges éternelles, elle est le symbole saisissant de la présence perpétuelle de Dieu à son peuple : « Je suis là, je suis bien là, nous dit-Il en quelque sorte le matin et, même si les nuages de votre vie vous empêchent de Me voir, vous savez que, derrière les nuages, Je suis toujours là, veillant sur vous, toujours prêt à vous secourir. »
Mais devant ces neiges prétendument éternelles j’aime me redire que je suis plus important que ces montagnes, car je vivrai encore lorsqu’elles n’existeront plus.
D’autre part la blancheur étincelante de leurs sommets est un magnifique symbole de la pureté dont Dieu veut me revêtir :

Lave-moi, je serai blanc, plus que la neige (Ps 51, 9.)

Et lorsque j’aperçois, un peu plus bas, un troupeau de moutons brouter silencieusement l’herbe des alpages, je suis heureux de redire au Seigneur que j’ai confiance en Lui, qu’Il est mon Berger bien-aimé et que rien ne saurait manquer où il me conduit.
Et quand vient la nuit et que j’aperçois le ciel tout peuplé d’étoiles, je ne peux m’empêcher de jubiler à la pensée que, perdu comme une tête d’épingle dans cet immense univers, je suis un être unique pour Dieu, mon Créateur. Alors je me mets à chanter :

                A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
                la lune et les étoiles que tu fixas,
                qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
                le fils d’un homme que tu en prennes souci ?
(Ps 9, 5.) 

Extrait du Guide des chemins de la prière de Pierre Descouvemont, prêtre du diocèse de Cambrai 
(disponible à la bibliothèque de la paroisse)