Le Pape a présidé dimanche 7 juillet une messe sur la place principale de Trieste mettant ainsi un terme à cinq jours de réflexion durant les Semaines sociales de l'Église italienne. Dans la capitale de la région autonome Frioul-Vénétie Julienne, carrefour cosmopolite de l'Europe, une centaine d'évêques étaient présents tout comme des délégations de l'Église serbe-orthodoxe, grecque-orthodoxe et luthérienne.
Au cours de son homélie, le Souverain pontife s'est arrêté sur le mot "scandale", employé dans l'Évangile à propos de Jésus allant prêcher à la synagogue le jour du sabbat. « Demandons-nous : quel est l'obstacle qui nous empêche de croire en Jésus ? » a interpellé François.
Une foi qui s'abaisse vers l'humanité
L'Écriture montre que nombre de personnes ont en effet été choquées par l'attitude de Jésus, mais le scandale, a dit le Pape, est "son humanité": « comment Dieu, le tout-puissant, peut-il se révéler dans la fragilité de la chair d'un homme ? ». « Frères et sœurs, voilà le scandale a ainsi lancé François: une foi fondée sur un Dieu humain, qui s'abaisse vers l'humanité, qui en prend soin, qui s'émeut de nos blessures, qui prend sur lui nos fatigues, qui se rompt comme un pain pour nous ».
Cette humanité se concrétise dans un Dieu faible qui meurt sur la Croix par amour, et demande à chacun de dépasser nos égoïsmes, d'offrir notre vie pour le salut du monde est « un Dieu inconfortable » a reconnu le Souverain pontife. En nous plaçant devant le Seigneur face aux défis contemporains, les nombreuses questions politiques et sociales qui nous interpellent, nous avons pourtant précisément besoin du « scandale de la foi ».
Il ne s'agit « pas d'une religiosité repliée sur elle-même, qui lève son regard vers le ciel sans se préoccuper de ce qui se passe sur terre et qui célèbre des liturgies dans le temple en oubliant la poussière qui s'écoule dans nos rues », a expliqué le Pape, mais bien d'une « foi enracinée dans le Dieu qui s'est fait homme et, par conséquent, une foi humaine, une foi de chair, qui entre dans l'histoire, qui caresse la vie des gens, qui guérit les cœurs brisés, qui devient ferment d'espérance et semence d'un monde nouveau ».
Réveiller les consciences de leur torpeur
Face aux défis du monde, François a donc rappelé la nécessité de cultiver « une foi qui réveille les consciences de leur torpeur, qui met le doigt sur les blessures de la société ». Dans cette ville de Trieste, située aux confins de la route balkanique, (et qui accueille de nombreux migrants), le Pape a tenu une nouvelle fois à mettre la lumière sur ceux qui sont ignorés ou rejetés :
“ Dieu se cache « dans les coins sombres de la vie et de nos villes », sa présence se révèle précisément dans les visages creusés par la souffrance et où la décadence semble triompher. L'infini de Dieu se cache dans la misère humaine ”.
Tiré d’un article d’Olivier Bonnel - Cité du Vatican