Fête du Saint-Sacrement

« Ma chair est la vraie nourriture »

En ce temps-là, Jésus disait aux foules des Juifs : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jn 6, 51)

En ce jour, la proclamation de l’Évangile est précédée du chant de la séquence. Aux origines, la séquence, du latin sequentia (suivant), était une pièce en prose chantée après l’Alléluia. 

La liturgie propose désormais quatre séquences au fil de l’année liturgique : à Pâques, à la Pentecôte, à la mémoire de Notre-Dame des Douleurs (15 septembre) et à la solennité du Saint-Sacrement. Dorénavant, elles sont chantées avant l’Alléluia.
La séquence de ce jour, Lauda Sion, est longue de vingt-quatre strophes, mais elle est parfois abrégée et l’on chante alors uniquement les quatre dernières. Son auteur serait saint Thomas d’Aquin, à qui l’on doit au XIIIe siècle la composition de toute la liturgie de la Fête-Dieu, comme on l’appelait alors. La fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Seigneur trouve en effet son origine au cœur du Moyen Âge, lorsque la foi des fidèles a poussé les théologiens à mettre des mots sur le grand mystère de l’Eucharistie et à le célébrer avec grande piété. La séquence d’aujourd’hui est ainsi un joli poème qui illustre le dogme catholique de la transsubstantiation. Elle nous prépare à communier avec foi et espérance.
« Moi, je suis le pain vivant : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Après le chant de la séquence qui nous fait contempler le grand mystère de la présence réelle du Christ par le pain consacré, les paroles de Jésus dans l’Évangile nous enseignent la finalité de l’Eucharistie : vivre. Vivre du Christ ; vivre avec le Christ. La visée de notre foi en la présence réelle est de communier au Christ, au sens le plus fort du terme : ne faire plus qu’un avec Lui dès maintenant et pour toujours.
La célébration de ce sacrement nous pousse à croire et à contempler, mais aussi à vivre. Croire, célébrer, vivre. C’est d’ailleurs ce processus que le pape Benoît XVI a proposé comme plan de son exhortation Sacramentum Caritatis sur l’Eucharistie en 2007 : l’Eucharistie est d’abord un mystère à croire, puis un mystère à célébrer et, enfin, un mystère à vivre. Prenons conscience en ce jour de la réalité de l’Eucharistie : elle est « le pain de la route » (séquence), offert par le Christ « pour la vie du monde » (évangile) et pour que nous soyons « transformés à l’image de ce que nous serons au ciel » (préface). Par cette communion au Corps du Christ qu’est l’eucharistie, nous construisons le Corps du Christ qui est l’Église. En effet, en Lui, « nous sommes un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain » (2e lecture). Prions pour que cette communion réalise en nous ce qu’elle signifie.
frère Maximilien Launay, prémontré de l’abbaye Saint-Martin de Mondaye 

Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage en compagnie des saints.
Amen. 
(extrait de la séquence Lauda Sion)