Un jour, en début d’année, je suis rentré dans la sacristie de l’église d’Aime. J’étais impressionné : tout était ordonné, propre, avec les plans des meubles dégagés. Pas de mystère : le père Marcin il y avait passé des heures et des heures. Ça m’a donné des idées …
Il y a trois semaines, avec une petite équipe enthousiaste, nous nous sommes attaqué à la sacristie de l’église de Bourg. Ça a pris des journées … Parmi les surprises, la découverte de plusieurs jerricans d’eau bénite : il en avait une trentaine de litres ! Devant mon étonnement, Jeannine m’a vite expliqué : quelqu’un bien impliqué dans l’église, lui avait dit que l’eau bénite n’a pas d’importance, que l’on peut utiliser n’importe quelle eau tirée du robinet pour asperger. Donc Jeannine avait fait bénir un stock important d’eau par un prêtre, pour être sûre d’en avoir toujours, pour les bénitiers, pour les cérémonies et pour les personnes qui en demandaient.
L’eau bénite fait partie des "Sacramentaux" (du latin sacramentalia, choses se rapportant aux sacrements) : il s’agit d’objets ou d’actions dont les chrétiens se servent pour obtenir des effets spirituels. La dernière édition du catéchisme consacre plusieurs articles au sujet. On y lit entre autres : « Parmi les sacramentaux figurent d’abord les bénédictions (de personnes, de la table, d’objets, de lieux) » [CEC #1671].
Les sacramentaux ressemblent aux sacrements parce qu’ils sont comme eux des signes extérieurs, sensibles, de la grâce. Mais, le plus souvent, ils n’ont pas été institués par Jésus, et ils ne produisent pas la grâce sanctifiante par eux-mêmes : ils agissent en vertu des prières de l’Église et des dispositions des fidèles. « Les sacramentaux ne confèrent pas la grâce de l’Esprit Saint à la manière des sacrements, mais par la prière de l’Église ils préparent à recevoir la grâce et disposent à y coopérer. » [CEC #1670]
Faut-il ranger l’usage des sacramentaux parmi les pratiques d’autres temps, avec une connotation de bigoterie ? Je crois que ça serait une fausse idée de modernité …
En tant qu’êtres humains, nous avons un grand besoin de "signes" extérieurs pour vivre notre foi, pour accompagner notre vie quotidienne. Nous avons aussi un devoir de respect vis-à-vis de la tradition de nos communautés chrétiennes.
Si vous souhaitez faire bénir de l’eau ou un objet religieux, n’hésitez pas à demander aux prêtres et aux diacres. Naturellement, nous avons à faire attention à ne pas attribuer aux sacramentaux des qualités magiques. Un jour, un ami prêtre à Strasbourg a cédé à la demande insistante d’un restaurateur de bénir son restaurant. Six mois après, il avait fait faillite…
Mario Ponta, diacre