Le premier grand texte magistériel du Pape Léon, Dilexi te («Je t’ai aimé»), est une exhortation apostolique sur l’amour envers les pauvres, un texte déjà mis en œuvre par le Pape François et complété par son successeur. Suivant l’exemple de son prédécesseur, Pape Léon s’exprime dans un langage clair et simple. Voici trois extraits
La vraie richesse de l’Église
37. Saint Paul rapporte que parmi les fidèles de la communauté chrétienne naissante, il n’y a « pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés » (1 Co 1, 26). Cependant, malgré leur pauvreté, les premiers chrétiens sont clairement conscients de la nécessité de prendre soin de ceux qui se trouvent davantage dans le besoin. Dès les débuts du christianisme, les Apôtres imposent les mains à sept hommes choisis par la communauté et, dans une certaine mesure, les intègrent à leur ministère en les instituant pour le service – diakonía en grec – des plus pauvres (cf. Ac 6, 1-5). Il est significatif que le premier disciple à avoir témoigné de sa foi dans le Christ jusqu’à l’effusion de son sang ait été Étienne qui faisait partie de ce groupe. En lui s’unissent le témoignage de vie dans le soin des pauvres et dans le martyre.
38. Un peu plus de deux siècles plus tard, un autre diacre manifestera son adhésion à Jésus-Christ de manière similaire, en unissant dans sa vie le service des pauvres et le martyre : saint Laurent. D'après le récit de saint Ambroise, Laurent, diacre à Rome sous le pontificat du Pape Sixte II, contraint par les autorités romaines à livrer les trésors de l’Église, « amena des pauvres le lendemain. Interrogé sur l’endroit où se trouvaient les trésors promis, il les désigna en disant : “Ce sont eux les trésors de l’Église”». [24] En racontant cet épisode, Ambroise se demande : « Quels trésors plus précieux Jésus possède-t-il que ceux en qui il aime se montrer ? ». Et, rappelant que les ministres de l’Église ne doivent jamais négliger le soin des pauvres et encore moins accumuler des biens pour leur propre profit, il dit : « Cette tâche doit être accomplie avec une foi sincère et une sage prévoyance. Certes, si quelqu'un en tire un avantage personnel, il commet un crime ; mais s'il distribue le produit aux pauvres ou rachète un prisonnier, il accomplit une œuvre de miséricorde ».
Le soin des malades
49. La compassion chrétienne se manifeste de manière particulière dans le soin des malades et des souffrants. Sur la base des signes présents dans le ministère public de Jésus – la guérison des aveugles, des lépreux et des paralytiques –, l’Église comprend que le soin des malades, dans lesquels elle reconnaît immédiatement le Seigneur crucifié, est une partie importante de sa mission. Lors d’une épidémie dans la ville de Carthage où il était évêque, saint Cyprien rappela aux chrétiens l’importance du soin des malades : « Cette épidémie, qui semble si horrible et fatale, met à l’épreuve la justice de chaque individu et jauge l’esprit des hommes, vérifiant si les bien-portants se mettent au service des infirmes, si les parents s’aiment sincèrement, si les maîtres ont pitié de la souffrance de leurs serviteurs, si les médecins n’abandonnent pas les malades qui les supplient ». La tradition chrétienne de visiter les malades, de laver leurs blessures et de réconforter les affligés ne se réduit pas simplement à une œuvre philanthropique, mais elle est une action ecclésiale à travers laquelle, chez les malades, les membres de l’Église « touchent la chair souffrante du Christ ».