Le chemin de compassion : un engagement discret et profond

 

C’était l’été 1963. J’avais à peine six ans. L’atmosphère dans la maison était très spéciale : les parents, ainsi que les grands-parents qui passaient plus fréquemment que d’habitude, parlaient à mi-voix. Maman pleurait souvent. Deux mois avant, Angelo, qui venait de naître, était hospitalisé aussi tôt pour une péritonite dans un grand hôpital à Turin, à 50 km. Lors de son décès, à l’âge de quatre mois, pour la première fois, j’étais confronté à la mort d’un proche, dont je ne connaissais que le prénom… Avec les années, je me suis rendu compte de la profondeur de la blessure qui était restée dans le cœur de ma mère.

C’est en octobre 2024, à Lourdes, qu’un ami chapelain m’a parlé du Chemin de Compassion. Le projet m’a immédiatement séduit. J’ai rencontré aussitôt sœur Geneviève Pages, responsable du "chemin", et Chelo Feral, travaillant à la comm. du sanctuaire, qui m’ont raconté sa genèse, sa mise en place et, surtout, les dizaines et dizaines de rencontres avec les parents, grands-parents, fratries, amis, d’enfants décédés ou qui, pour différentes raisons n’ont pas vu le jour (fausses couches, avortements, etc.). Les fruits spirituels du deuil, vécu à Lourdes parfois 30 ou 40 ans après les drames, étaient étonnants. Alors je me suis dit : pourquoi ne pas proposer cette démarche en Savoie ?
En effet, je suis fréquemment confronté à des parents qui ont perdu un enfant ; Et, souvent, le deuil pour un enfant - même dans le cas d’un "non-né" - est plus délicat que dans le cas d’un adulte.

Avec le père Michel Euler nous avons choisi le sanctuaire N.D. de la Vie dans les Belleville. Anne Manillier, responsable de la Pastorale de la Santé du diocèse, nous a apporté un point de vue précieux, car les aumôniers des hôpitaux rencontrent des femmes en détresse à cause des problèmes liés à l’enfantement.
Béatrice Berthier nous a aidé à comprendre et à nous approprier certains éléments artistiques des hauts-lieux de la spiritualité de la vallée : St Marcel, N.D. de la Vie, l’église de St Martin. 
Cela, assorti de moments de prière et de réflexion personnelle, nous a permis de mettre en place un parcours de deux heures environ.  Les deux animatrices de Lourdes ont accepté de venir nous accompagner pour cette première expérience. 
Samedi 27 septembre, nous étions une dizaine pour cheminer ensemble. Tout était fait dans la bienveillance et la discrétion, car il n’y avait aucune obligation de partager nos histoires personnelles. La seule chose que je savais, c’était que les participants, sauf une femme, avaient perdu un enfant après la naissance. Nous pouvions lire sur les visages la peine, la confiance, l’espoir, dans une atmosphère paisible et, par moment, joyeuse. 
Prochain RDV : samedi 26 septembre 2026 
Père Mario Ponta
[ images du sanctuaire N.D de la Vie ]