LA PATIENCE DE FRÈRE FRANÇOIS

François d'Assise était en voyage avec ses frères. En chemin, ils vivaient d'aumône et partageaient cette joie d'être précédés, quoiqu'il arrive, par la Providence. Or, un vol d'oiseaux passa un jour dans le ciel et l'un des volatiles se soulagea juste au-dessus de la tête de Frère François.
En un instant, son crâne et son visage furent maculés de fiente. Tout le monde s'arrêta, mi-compatissant, mi-curieux, mi-amusé de surprendre en flagrant délit la réaction du saint pris au dépourvu. Allait-il pour une fois seulement se mettre en colère, céder à l'impatience en lâchant un mot imprononçable, montrer durant quelques instants une mauvaise humeur jusque-là inconnue ? 

François prit une feuille d'arbre qu'on lui tendait, s'essuya le visage et la tête en souriant, puis regarda le ciel et dit : « Loué sois-tu mon Seigneur, de ce que les vaches ne volent pas ! » Tout le monde rit de bon cœur et reprit la marche.

« La patience, dit St Augustin, consiste à supporter les maux, le cœur tranquille, pour n'avoir pas à perdre, par défaut de sérénité, des biens qui nous conduisent à de plus grands. » (...)
Elle est tout le contraire de l'ironie, car celle-ci rit de l'autre quand l'humour rit de soi. L'humour est le propre de ceux qui, comme François, sont remplis d'Esprit Saint, car l'humour invite à l'humilité sur soi et donc à la patience, car il évite de se prendre au sérieux, contrairement à la vanité et l'orgueil. Et il pousse naturellement à la joie.
 

« Mais s'il m'a été fait miséricorde, c'est afin qu'en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle » (1 Tm 1,16).

« Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes « sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d'humilité, de douceur et de patience » (Col 3,12).


Commentaire tiré de Nicolas Rousselot, Le tour de la foi en plus de 80 histoires