Frère Jean-Christophe : Adorer c'est reconnaître la grandeur de Dieu et le fait que nous sommes simples créatures devant lui, mais dans le Christianisme, l'adoration a ceci de particulier que le Dieu qu'on adore, est venu en Jésus-Christ. Il s'est fait homme et cette humanité de Jésus-Christ se manifeste dans l’Eucharistie : « Sous l’humble hostie, dit le cantique, j’adore Dieu, vrai pain de vie ».
Où adore-t-on l’Eucharistie ?
Frère Jean-Christophe : Je me rends à l'église pour l'adorer. Adorer Dieu dans l’Eucharistie implique que l'on se rende dans un espace public consacré à ce culte. Et donc c'est reconnaître (...) la volonté de Jésus de se donner d'abord à l’Église et à travers l’Église, à moi.
Sœur Marie-Pierre de la Croix : En général je l’explique assez simplement aux enfants, à l'école. Voilà, je leur dis que nous allons adorer Jésus dans l'hostie consacrée qui est sur l'autel dans l'espèce de soleil. Voilà, un espèce de soleil qui s'appelle un ostensoir. Je leur dis que Jésus est présent dans l'hostie sur l’autel, dans ce qu'on appelle l'ostensoir, le soleil qu'ils voient sur l’autel. On installe des petits tapis devant l’autel. On se met à genoux. On s'incline en arrivant. Je me mets dans une position confortable, dans laquelle je peux rester bien une demi-heure sans bouger.
Dans quel état d’esprit est-on quand on adore l’Eucharistie ?
Sœur Marie-Pierre de la Croix : J'essaie de faire vraiment le vide, de laisser un peu tous mes soucis, tous mes problèmes à la porte de la chapelle pour vraiment être disponible.
D’où vient la pratique de l’adoration eucharistique ?
Frère Jean-Christophe : Il y a une histoire de l’oraison qui commence avec les moines. Elle procédait de l'office qui se chantait en latin. Alors, les moines étaient appliqués à bien chanter les louanges divines, mais ils ne parvenaient pas à s'appliquer au contenu du texte qu'ils chantaient. D'où la nécessité qu'ils ont vite éprouvée de se retirer et de méditer les textes qu'ils avaient chantés, pour en faire précisément l'objet d'une oraison silencieuse, de demander ce que Dieu avait promis dans les Psaumes.
Et ensuite l’oraison a eu pour objet de jouir s'il était possible, de la seule présence de Dieu. C'est ce que l'on appelle l’oraison de présence. Et cette pratique s'est développée en dehors de l'office divin à partir de la Renaissance. On peut faire oraison partout mais faire oraison devant le Saint Sacrement en vue d'une oraison de présence, précisément cela a beaucoup de sens, bien sûr.
Quelle expérience peut-on faire pendant l’adoration ?
Sœur Marie-Pierre de la Croix : Pour adorer, je trouve que parce que c'est vraiment un moment de prière, vraiment assez intense, où on parle vraiment à Jésus, on essaie de l'écouter. Écouter ce qu'il a à nous dire. En fait on est présent, voilà. Cela dépend de l'esprit dans lequel j'arrive. Il m'arrive de trop parler, alors j'essaie de me dire : « Non, là tu y vas gratuitement, pour être avec Jésus. »
Frère Mathieu-Marie : C'est vraiment l'expérience d'un ami qui parle à un ami. Le Christ se donne complètement à nous, mais nous ne pourrons jamais le saisir complètement. Il ne faut pas croire que parce que le Seigneur est présent dans ce sacrement, dans ce mystère, nous pouvons le maîtriser, le saisir complètement, le faire nôtre. (lire tout l'article - avec vidéos - sur ThéoDom )