Qui suis-je?

« Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Une question qui, pour nous, a peut-être le goût du déjà ou du trop entendu. Mais l’Écriture ne nous invite-t-elle pas à chercher sans relâche le Dieu révélé par Jésus, et à poursuivre sans trêve sa face (Ps 105, 4) ? Alors essayons de nous laisser surprendre et de redécouvrir, au plus profond de nous-même, que la foi est un don de Dieu : «nul ne vient» au Fils «si le Père ne l’attire» (Jn 6, 44), et nul «ne confesse» que Jésus est le Christ et le «Seigneur», «si ce n’est par l’Esprit » (1 Co 12, 3).
Voilà qui ouvre une brèche salutaire dans nos suffisances humaines. Car reconnaître que notre foi ne vient pas « de la chair et du sang », c’est aussi reconnaître que nous sommes « précédés » et ne maîtrisons ni l’origine ni la fin de notre existence. Une prise de conscience qui conduit à se poser les questions essentielles dont celles, fondamentales, de l’identité de Jésus et du sens qu’il donne à notre vie.
Mais notre réponse n’en reste-t-elle pas trop souvent au niveau d’un ouï-dire? Si nous ne sommes plus, comme les contemporains de Jésus, tentés d’identifier ce dernier aux « précurseurs » du Messie attendu, nous nous contentons parfois de réponses un peu rapides, qu’elles soient portées par l’air du temps ou par une tradition ecclésiale non intériorisée. Or, la question de Jésus est bien plutôt de celles qui doivent résonner longuement dans la prière et accompagner toute notre vie. Ne requiert-elle pas, en effet, une réponse personnelle qui engage la totalité de notre être ? Un engagement où se révèlent notre identité véritable et notre mission, avec ce que cela suppose de bonheur.