Vivre le Carême 2022

Le Carême est une période qui à la fois nous attire et nous rebute. Il nous attire car nous savons qu'il est porteur de grandes grâces pour ceux qui le vivent dans de bonnes dispositions, mais il nous répugne en raison des sacrifices inévitables qu'il requiert. Le vieil homme qui demeure en nous ne lâche pas prise si facilement ! De plus, nous ne voyons pas toujours comment nous y prendre pour corriger nos faiblesses et pour grandir spirituellement.
    Aussi pour vous permettre de surmonter l'appréhension naturelle que vous avez à l'approche du Carême, il est bon de vous souvenir que si le Carême exige des efforts concrets d'ordre moral, il est avant tout une période de réfection spirituelle. « Si tu connaissais le don de Dieu » (Jn 4, 10). Cette parole de Jésus à la Samaritaine, Notre-Seigneur l'adresse aujourd'hui à chacun d'entre vous. Sans doute, pour la plupart, vous connaissez Dieu, vous avez la foi en lui. Mais celle-ci a besoin d'être entretenue, d'être alimentée, d'être nourrie par la lecture, par la réflexion. Or le Carême est avec le temps pascal la période la plus belle et la plus riche de toute l'année liturgique, et surtout la plus propice à la rénovation spirituelle.
    Notre-Seigneur se laissera toucher si nous accomplissons pendant ce Carême les trois œuvres indispensables que les Saintes Écritures rappellent en ces jours: la prière, le jeûne et l'aumône. Pour simplifier, nous parlerons plutôt de prière, de pénitence et du prochain à secourir, ce seront « les trois P », « les trois priorités du Carême ». Il s'agit en fait des trois combats contre nos faiblesses.
    La première œuvre à accomplir est la prière, car ce n'est pas par nous-mêmes que nous arriverons à fuir le péché, ni à réparer le mal que nous avons fait : sans Notre-Seigneur, c'est impossible ! Le Carême est le moment opportun pour lui demander de changer notre cœur et de nous apprendre à voir, à aimer les personnes et les choses comme il les voit et les aime.
    La deuxième œuvre prescrite par l'Église est la pénitence. Nous devons discipliner notre corps pour le soumettre à notre esprit. La privation d'aliments ne plaira pas à Notre-Seigneur si nous n'essayons pas en même temps de lutter contre nos défauts. Notre corps et notre âme ont souvent péché ensemble, ils doivent réparer ensemble.
    Enfin la troisième œuvre à effectuer concerne notre prochain. Si la prière regarde nos devoirs envers Dieu, si la pénitence a trait à nos devoirs envers nous-mêmes, la charité fraternelle désigne nos devoirs envers le prochain. Nous n'avons peut-être pas d'argent, mais nous comprenons bien qu'il n'y a pas que l'argent que nous pouvons partager avec les autres : nous pouvons donner de notre temps (en rendant service), partager nos joies, notre bonne humeur, nos sourires, nos talents, prêter nos jeux, et aussi faire des efforts de patience à la maison ou à l'extérieur. Oui, Seigneur, apprenez-nous à être toujours plus généreux et patients !
    Pendant ces quarante jours de Carême tournons-nous vers Jésus, essayons de le chercher, de le voir, de l'écouter, de lui parler, de le croire et de l'aimer davantage. N'oublions pas nos voisins, nos amis et nos proches qui ne le connaissent peut-être pas, ou qui l'ont oublié. Portons-les dans notre cœur, et prions pour eux.
(Selon: P. Troadec, Le Carême au jour le jour, Via Romana 2013)