« Pourquoi te désoler Ô mon âme, et gémir sur moi ?
Espère en Dieu !
De nouveau je rendrai grâce : Il est mon Sauveur et mon Dieu. » Psaume 41
S’il y en avait bien une qui ne devait pas aller à Rome pour un pèlerinage, une démarche jubilaire bien réglementée avec tout ce que qu’elle déteste, un espèce de marchandage avec les indulgences, le monde, le bruit, la religiosité et j’en passe…c’est moi.
Il a fallu ce que l’on appelle un combat, un combat spirituel je pense pour entrer dans la démarche proposée par le diocèse.
• D’abord je répondais à une invitation, celle d’une amie qui m’avait exprimé le désir d’aller à Rome avec moi… premier ange sur ma route…
• Puis une révolte, une colère même quand j’ai réalisé que l’on reparlait des indulgences… j’ai écouté deux fois le père Euler sur le sujet, une fois dans notre paroisse et une deuxième fois à Rome… ce fut l’occasion d’essayer d’approfondir la notion de miséricorde, de communion des saints et surtout le lâcher prise, la confiance… j’avais répondu à une invitation et je devais la vivre avec sérénité et paix… j’entrais enfin dans la démarche du pèlerinage…
Et tout a pu se faire : paix, joie, découverte…
Première découverte : Eh oui il y avait du monde, du bruit, des gestes religieux mais j’avais enfin ouvert mon cœur aux autres donc à Dieu rejoignant saint Augustin quand il disait : « Si nous voulons que le monde soit meilleur, nous devons commencer par nous-mêmes, nous devons commencer par nos vies, nos cœurs. ». Peut-être que je vivais un peu plus la charité…
Deuxième découverte : troisième occasion de découvrir Rome mais ce fut la première fois que je vivais cette découverte comme une démarche de foi. Et la phrase du credo se faisait plus lumineuse : Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique et c’est à Rome que ce credo se faisait plus concret, plus incarné… Le passage des portes par exemple, ce fut à celle de saint Pierre que j’entrais vraiment dans la démarche… j’eus la chance de me trouver à côté d’un prêtre à qui a échappé une prière si simple, un cœur à cœur avec son Seigneur qui a touché mon cœur. En communion avec lui je franchissais cette porte symbolisant la porte qu’est le Christ pour moi… si je le revois il faudra que je lui raconte combien ce jour-là il fut le deuxième ange de mon pèlerinage… C’est par ces portes, par le Christ que je trouvais la paix devant l’icône de la Vierge si chère au pape François, devant aussi une statue de la Vierge de la chapelle de notre lieu de résidence… ces deux œuvres me présentant Jésus enfant, j’entrais enfin en communion avec toutes ces femmes et ces hommes pour qui Marie est si importante.
Et l’espérance dans tout cela ?
Eh oui, c’est l’espérance que tout est possible à Dieu même un cheminement, une conversion au milieu de la foule, du bruit … tout est possible même en ces temps si incertains…
« Pourquoi te désoler Ô mon âme, et gémir sur moi ?
Espère en Dieu !
De nouveau je rendrai grâce : Il est mon Sauveur et mon Dieu. » Psaume 41
Annick
Avez-vous déjà expérimenté la descente d'un toboggan dans un parc aquatique ? Grimper une vaste échelle, devant une file d'attente sans fin, atteindre le sommet, affronter le vertige tout en ressentant l'adrénaline. Le sifflet retentit : « au suivant », puis soudain, on se lance, portée par les flots, forts et vivifiants. Quelle sensation incroyable ! On n'a pas le temps de réagir que l'on est déjà en bas. Rome a été, dans une certaine mesure, pour moi « un toboggan spirituel » : Cinq jours pour résumer des centaines d'années d'histoire ! 5 souvenirs que j'aimerais partager avec vous sous forme de bulles.
Bulle d'espérance. Programme bouleversé. L'audience générale avec le Saint-Père est annulée pour cause de sépulture. Événement historique à la basilique Saint Pierre, où repose comme un bouquet de roses rouges, la dépouille flamboyante du pape François. A cet instant, j'ai pensé à Jorge Bergoglio. N'aurait-il pas souhaité un enterrement plus personnel, discret comme une fleur de myosotis ?
Bulle de paix. A l'occasion du jubilé, nous franchissons les portes saintes des basiliques. Dans la fraîcheur du lieu, s’asseoir pour prier au cœur de la foule, contempler les statues à la lueurs des bougies, immobiles, apaisantes, rassurantes, surprenantes, comme un arrêt sur image au milieu de l'agitation de la ville. Méditer à la Basilique Sainte Marie Majeure, en présence des pèlerins : temps suspendu où les icônes de la vierge côteoient les planches contemporaines masquant le chantier de préparation pour accueillir le tombeau du pape François.
Bulle d'amour sur le magnifique pont des Anges, mais également devant la basilique de Latran où des mouettes rieuses (Effectivement, j'apprends qu'il y a des mouettes à Rome !) se posent sur une statue en bronze. En la contournant à l'occasion d'une photo, j'ai compris pourquoi ce perchoir : il s'agit de Saint François d'Assise... Un clin d'yeux ?
Bulle de fraternité : Derrière la Rome éclatante, majestueuse, lumineuse, les marbres, les colonnes, les obélisques, les colosses, se dissimule la Rome plus intime qui se dévoile au détour des ruelles, à travers des femmes et des hommes aux accents étrangers. Je me souviens de la sueur des serveurs immigrés, qui en nous apportant une pizza, rendaient à cette terre d'accueil, leur plus beau sourire. Souvenir d'un bonheur partagé autour d'une gelato à la vanille ; la véritable rencontre, ce sont les gens, les pèlerins d'espérance qui cheminent vers les portes du jubilé.
Bulle de joie : Dans les jardins fleuris de l'hébergement Fraterna Domus, avec les messes, les
chants qui résonnent au son de l'orgue ; la joie à Rome, de parcourir les pavés robustes et puissants, usés par la marche des pèlerins, de toucher les pierres, façonnées par la caresse des mains qui cherchent un appui ; la joie de découvrir l’œuvre de Caravage au détour d'une allée, retenir un sourire, l'expression d'un visage...
Le dernier jour du pèlerinage à Ostie (l'ancien port de Rome... Je viens tout juste de comprendre d'où viennent les mouettes !), souvenir du dernier repas avec tous les pèlerins pour se dire au revoir... Cela fait bientôt trois mois que j'ai « dévalé » le toboggan, mais les sensations sont toujours présentes. Nous n'avons pas pu voir la fontaine de Trévi et y lancer une pièce, mais j'espère profondément pouvoir retourner un jour à Rome, avec pour bagage le temps. Virginie