Huit jours après …

Mercredi 16 juillet, nous avons vécu le pèlerinage de N.D. des Vernettes. La feuille de la semaine dernière en a donné un résumé très succinct.  S’agissant du 280e, nous pourrions nous dire : "un de plus". C’est passé, on va voir l’année prochaine, comme s’il y avait une "routine" des grandes célébrations. 
Huit jours ont passé, et je me rends compte qu’il ne s’agissait pas simplement d’un énième événement, plus ou moins suivi. En effet, quelque chose d’ineffable est resté en moi depuis cette journée, par ailleurs bien fatigante.
Les fruits de l’Esprit sont bien décrits par Saint Paul : amour, joie, paix, etc. (Ga 5, 22).
Ces "effets" sont souvent tangibles : sur le visage de plusieurs participants au pèlerinage, dans leur attitude, on pouvait remarquer des "signes" visibles ; et la satisfaction de l’Évêque était évidente. 
Alors, qu’y a-t-il eu de plus pour moi ?

Une présence qui reste… quelque chose de caché et pourtant évident.
C’est cette même présence subtile que j’expérimente au retour de Lourdes.
C’est une façon particulière qu’a Marie de nous rendre visite et de nous accompagner.
p. Mario

Cette réflexion m’a été suggérée par un texte de St Bernard (Sermon 74 sur le Cantique) que voici :

Heureux celui qui est visité par le Verbe !
                J’avoue – et je le dis en toute simplicité ‒ que le Verbe m’a visité, et même très souvent. Mais bien qu’il soit entré fréquemment en moi, je n’ai jamais, en aucun temps, ressenti le moment de sa venue. J’ai senti qu’il était présent ; je me souviens qu’il a été avec moi ; j’ai quelquefois même pu pressentir qu’il viendrait ; mais je n’ai jamais senti sa venue ou son départ. Comment est-il venu ou parti ? Je ne sais.
               Ce n’est pas par les yeux qu’il entre, car il n’a ni forme ni couleur que nous puissions discerner ; ce n’est pas par les oreilles, car sa venue ne produit aucun son ; sa présence ne peut-être reconnue non plus par le toucher, car il est insaisissable. Par où est-il donc venu ? Faut-il croire qu’il n’est pas entré du tout puisqu’il ne vient pas du dehors ? Il n’est pas, en effet, du nombre des choses extérieures. Mais d’autre part il ne saurait venir du dedans de moi, puisqu’il est bon et qu’en moi, je le sais, il n’y a rien de bon.
               Je suis monté jusqu’à la cime de moi-même, et j’ai vu que le Verbe résidait plus haut encore. Explorant curieux, je suis descendu au plus bas de mon être, et il se trouvait encore plus bas. Lorsque j’ai tourné mes regards vers le dehors ; j’ai découvert qu’il était au-delà de tout ce qui m’est extérieur ; puis je me suis retourné vers le dedans, et il était encore plus à l’intérieur. J’ai reconnu enfin la vérité de ces mots que j’avais lu dans l’Écriture : « En lui nous vivons, en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17,28). Heureux celui en qui est le Verbe, qui vit pour lui et qui est mû par lui !  St Bernard