Dilexit nos - Il nous a aimés

Cette fin octobre, est parue la quatrième lettre encyclique du Pape François, sur l'amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ.
La dévotion au Cœur de Jésus remonte au Moyen-Âge et a été popularisée au XVIIe siècle par saint Jean-Eudes, puis sainte Marguerite-Marie Alacoque, après des apparitions à Paray-le-Monial. Le pape François a évoqué cette dévotion populaire quelques semaines après son élection en 2013. Il avait alors décrit le Cœur de Jésus comme « le symbole par excellence de la miséricorde de Dieu ». « C'est un symbole réel, qui représente le centre, la source d'où jaillit le salut de toute l'humanité. » Pour le pape « cela nous fera beaucoup de bien de méditer sur différents aspects de l'amour du Seigneur qui puissent illuminer le chemin du renouvellement ecclésial, mais aussi qui disent quelque chose de significatif à un monde qui semble toujours avoir perdu le cœur », car cette dévotion est une « longue histoire qui remonte aux Écritures sacrées, pour proposer à nouveau à toute l'Église ce culte chargé de beauté spirituelle. »

Selon le père Antonio Spadaro, le Pape François s'est toujours senti « pécheur sauvé par l'amour du Seigneur» et, dans l'encyclique Dilexit nos, il nous invite à redécouvrir sa miséricorde et à comprendre comment le Seigneur nous parle « à travers nos émotions intérieures ». Un document qui est « l'expression de la spiritualité de François » et « la clé de lecture de tout le pontificat ». Pour le père Spadaro, le Pape demande au monde, « qui est en train de perdre son cœur » et toute sensibilité humaine, de retrouver des valeurs fondamentales.
Selon le style de François, le texte est facile à lire, tout en étant assez dense. Les citations de saints – Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Ste Marguerite-Marie Alacoque, St François de Sales, St Charles de Foucauld, parmi les autres – donnent matière à réflexion et peuvent être une aide à la prière. À souligner que les citations sont en grande majorité tirées de saints français.
La fin de l’encyclique résume bien la pensée du Pape sur le sujet :

218. Aujourd’hui, tout s’achète et se paie, et il semble que le sens même de la dignité dépende de ce que l’on peut obtenir par le pouvoir de l’argent. Nous sommes pressés d’accumuler, de consommer et de nous distraire, prisonniers d’un système dégradant qui ne nous permet pas de voir au-delà de nos besoins immédiats et mesquins. L’amour du Christ est en dehors de cet engrenage pervers et Lui seul peut nous libérer de cette fièvre où il n’y a plus de place pour un amour gratuit. Il est en mesure de donner du cœur à cette terre et de réinventer l’amour, là où nous pensons que la capacité d’aimer est définitivement morte.

219. L’Église aussi en a besoin pour ne pas remplacer l’amour du Christ par des structures dépassées, des obsessions d’un autre âge, adoration de sa propre mentalité, des fanatismes de toutes sortes qui finissent par prendre la place de l’amour gratuit de Dieu qui libère, vivifie, réjouit le cœur et nourrit les communautés. Un fleuve qui ne s’épuise pas, qui ne passe pas, qui s’offre toujours de nouveau à qui veut aimer, continue de jaillir de la blessure du côté du Christ. Seul son amour rendra possible une nouvelle humanité.

220. Je prie le Seigneur Jésus-Christ que jaillissent pour nous tous de son saint Cœur ces fleuves d’eau vive qui guérissent les blessures que nous nous infligeons, qui renforcent notre capacité d’aimer et de servir, qui nous poussent à apprendre à marcher ensemble vers un monde juste, solidaire et fraternel. Et ce, jusqu’à ce que nous célébrions ensemble, dans la joie, le banquet du Royaume céleste. Le Christ ressuscité sera là, harmonisant nos différences par la lumière jaillissant inlassablement de son Cœur ouvert. Qu’il soit béni !  Pape François