« Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15, 21-28)

Dans l’Évangile de dimanche 20 août, une femme vient demander à Jésus la guérison de sa fille. Au début, Jésus semble ne pas faire attention à cette étrangère. Mais elle insiste, avec un argument devenu célèbre : 
« Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Là Jésus est touché : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Commentaire de Jean-Luc Fabre, compagnon jésuite
Écouter la parole de Dieu, chaque dimanche, doit aider chacun de nous à développer dans la durée une connaissance plus intérieure du Seigneur pour mieux l’aimer, mieux comprendre sa manière à lui de vivre. Ainsi nous pouvons nous orienter plus justement dans notre propre vie. Jésus, le Fils de Dieu, vit parfaitement et pleinement son être homme. Il apprend ainsi à chacun d’entre nous qui le contemplons à être davantage humain. Ce qui importe dans les scènes évangéliques plus que la morale abstraite que nous pourrions en tirer pour savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire, c’est bien au contraire de se rendre sensible à la manière dont les choses se font, se disent, se décident. A travers cela, nous apprenons à recevoir notre propre existence, à y être attentif et ainsi, à vivre plus pleinement, à aimer plus profondément. Aussi, aujourd’hui, je vous propose de simplement jeter le projecteur sur quelques moments de la rencontre entre Jésus et cette femme syro-phénicienne.
Ce n’est pas qu’une guérison de plus, c’est une rencontre unique, singulière, qui mobilise chacun des deux protagonistes dans la situation. Là, dans l’interaction avec l’autre, chacun se révèle. Qu’apprenons-nous de Jésus aujourd’hui ? (…)
« Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Jésus rencontre cette femme dans un vrai dialogue, loin du bruit causé par les disciples. A travers l’échange, en tenant justement sa propre position - il n’est pas là pour tout faire, dire amen à tout - Jésus permet à l’autre de s’exprimer et de dire combien ce qu’elle veut (la guérison de sa fille). Cela lui donne de mettre en œuvre ce qu’elle peut : une simple demande à ce Jésus étranger, en étant bien consciente de ce qui s’impose à elle. En effet, elle s’adresse au fils de David, un étranger pour elle, et elle le fait comme le petit chien sous la table de ses maîtres. Elle se tient ainsi dans le fondamental de l’être humain en habitant ce triangle aux trois sommets qui sont le « ce que je veux », le « ce que je peux », et le « ce qui s’impose à moi ». Dès lors Jésus peut lui dire : « ta foi est grande ». La foi de cette femme est grande car justement, humainement située, pleinement ouverte vers l’autre, respectueuse, reconnaissante. Étant ainsi justement située, le miracle peut s’opérer de lui-même : « Que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! ». Car la volonté juste de la femme peut déplacer celle de Jésus.