Une grande grâce m’a été donnée
par notre Seigneur. Témoignage
Je chemine depuis trente ans pour comprendre pourquoi je ne tissais pas de lien avec ma mère. Je recevais des offenses de sa part, malgré elle. Elle n’en avait pas conscience. Tout est lié à son propre parcours de vie difficile. J’ai compris que je ne pouvais pas avancer dans ce cheminement sans accorder de pardon moi-même. Cette évidence était déjà une grâce, car elle me mettait sur la bonne voie de réflexion mais cela n’allait pas être simple. Effectivement, les offenses pleuvaient et m’atteignaient à chaque nouvelle rencontre avec elle.
Je me suis, bien entendu, questionnée sur le pourquoi. Il a fallu comprendre sa propre souffrance et celle de sa propre mère. Trois générations de mère affectées par le mal amour ou l’aimer maladroit.
Mais comprendre ne suffit pas. Ou essayer de comprendre ne suffit pas car est-ce que la compréhension de cette situation est totalement à ma portée ? Je ne le crois pas.
Quelle est la juste part entre mon travail personnel et mon laisser aller dans les bras du Seigneur ?
Car effectivement tout au long de ce travail, la prière m’aide énormément. Quand mon cerveau n’en peut plus, je m’en remets à Lui. Dans le silence, afin d’être à son écoute.
Une journée à Paray-le Monial m’a profondément marquée. Les témoignages entendus me poussent dans une tente d’écoute. Là, des âmes bienveillantes dialoguent avec qui en ressent le besoin. C’était mon cas, urgemment.
Tout d’abord, je me suis sentie comprise car j’ai entendu des paroles apaisantes. Notamment, qu’il était normal de ne pas se sentir capable de pardonner tant qu’on recevait des offenses. Et aussi, j’ai reçu cette consigne énigmatique : je devais poser des actes de foi. Des actes de foi ? Késako ?
C’est là que je m’en remets complètement à Jésus. A partir de ce jour, je me suis laissée porter par Lui. Chaque moment de prière n’était que pour créer le lien avec lui, me mettre en sa présence, dans le silence, sans rien formuler. Je ne sais rien Seigneur, montre-moi le chemin.
Il m’est venu cette image : le Christ m’attend à chaque communion au bout de la nef et me dit : « Viens à moi. Dès lors que tu viens à moi, tu viens aussi à ta mère ». Cette marche alors pour aller chercher l’hostie devient mon parcours d’enseignement. Je reçois toute la miséricorde du Christ durant cette avancée. Celle-ci me donne force et change mon regard et me permet d’avancer un peu plus à chaque fois vers ma maman.
C’est une prière intérieure très puissante qui me pousse et me porte. C’est aussi une prière que je vis dans mon corps car la mise en mouvement active ma prière, devient ma prière.
Et après des mois, le moment attendu arrive. Ce jour-là, les circonstances sont réunies. Il était important que je ne provoque rien, surtout pas ma mère. Elle devait elle-même se trouver au bord de mon chemin, sans que je ne l’y emmène, sans que je l’incite. Elle devait être prête à entendre, à comprendre et à reconnaître. J’ai pris d’ailleurs toutes les précautions dans ma manière de m’adresser à elle pour qu’elle se sente elle-même comprise mais que je puisse tout de même lui faire part de ma souffrance et les raisons de cette souffrance.
Elle a suffisamment compris pour qu’elle exprime ses regrets. J’ai pu enfin lui dire ces mots : « Maman, je te pardonne ».
Une paroissienne de la Haute Tarentaise